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Les Contes du Colvert
18 avril 2018

LA CITE ENGLOUTIE.

LES CONTES DU COLVERT

par Stéphane BERTRAND

NOUVELLE SERIE

 

 

N°25 NS

 

LA CITE ENGLOUTIE.

 

Il y avait une fois, dans un pays lointain, une superbe ville entourée de murailles très hautes, aux maisons à colonnades sculptées avec art et aux jardins enchantés. Les rues étaient ombragées par toutes sortes d'arbres centenaires. Il y avait plusieurs stades  et un théâtre de plein air. En son milieu trônait un splendide palais aux tourelles multiples et aux salons immenses, décorés richement. Puis vint le jour, qui à son lever, vit la terre s'entrouvrir et la mer engloutir toute cette merveille architecturale. Le palais, les murailles et les maisons, les jardins et tous les habitants disparurent comme par enchantement sous les flots. Le soir, à l'heure du coucher du soleil, il ne restait à la place de la ville, qu'un océan  calme. Aussi loin que le regard pouvait porter, on ne voyait que de l'eau, surmontée de vaguelettes innocentes qui donnaient l'impression de vouloir se faire pardonner l'appétit féroce de leur mère, la mer. De l'horizon, les contours des tours et maisons avaient disparu laissant la place à une ligne plate sans aucun obstacle.

Bien entendu, et très malheureusement, tous les humains périrent lors de ce chamboulement de la croute terrestre. Ils servirent de repas à tous les carnivores sous-marins, crabes et crevettes, poissons petits, moyens et grands, plantes carnivores. Et pour les esprits malveillants et autres monstres marins affamés, ce fut un festin inespéré! Les noyés accidentels se faisaient si rares!

De leurs ossements, de par la volonté de Poséidon, dieu et empereur de tous les océans et mers, naquirent des millions de tritons qui repeuplèrent très vite la cité engloutie. Parmi eux, les plus vaillants furent enrôlés comme défenseurs de leur ville et formèrent bientôt une formidable armée. Les déplacements se firent à dos des "chevaux de mer" et l'élevage de ces élégants hippocampes fut rapidement intense. Car le danger rôdait!

En effet la cité avait été rapidement engloutie par l'eau, entrainée par la  lourdeur des pierres  avec lesquelles elle avait été construite mais surtout par le poids de son fabuleux trésor. Sous le grand donjon du palais se trouvait la salle-coffre-fort  qui contenait des tonnes de lingots d'or le plus fin, des millions de pierres précieuses de toutes sortes et toutes tailles, des bijoux fabuleux et des objets décoratifs incrustés de rubis, de diamants, d'émeraudes sans parler des nombreux tonneaux remplis de perles les plus rares. Pour elles c'était le retour dans leur milieu d'origine!

La ville engloutie et ses richesses faisaient des envieux parmi toutes les espèces malveillantes qui peuplaient les abysses marines comme les   serpents venimeux, les poulpes gluants,  les énormes crustacés voraces comme les araignées de mer, les poissons poilus, hirsutes, horriblement moches, les requins aux dents longues, les escargots de courses belliqueux et nombre de bactéries hideuses et de microbes géants à six yeux.

Tout ce joli monde, sans ou avec arêtes, qui habitait en dehors de la ville, banlieue sauvage, était jaloux et réclamait sa part! Alors, un jour, sans tenir compte des moyens de défense de la cité engloutie et de son armée, ces scélérats ont enfourché leurs hippocampes bedonnants pour attaquer. Mais les guetteurs de la ville, du  haut des tourelles, les avaient vu venir. L'alarme  fut sonnée aussitôt. Les tritons à cheval sur leurs jolis hippocampes dorés, bien plus rapides que les "bedonnants", ont lancé une contre-attaque au son des conques, sortant de leur ville, pour tailler en pièces et autres mille morceaux les assaillants. La bataille fut rude et tous les coups permis.

Les tritons, vaillants combattants surentraînés, coupèrent en rondelles les tentacules des calamars, défoncèrent les carapaces des crustacés à pinces et méchants, crevèrent les yeux aux microbes et enfermèrent les bactéries dans des prisons en verre en forme de tubes, impossible à escalader. Aux araignées ils confisquèrent leurs toiles, les escargots furent expropriés de leur maison, les serpents venimeux pendus par leurs crocs. Les poissons furent rasés et édentés et tous les attaquants poussés  dans une fosse commune la plus profonde de l'océan, là où l'eau bout tout au fond, lieu de contact entre la mer et du foyer central de la terre. Quelle soupe d'enfer ! Quelle bouillabaisse !

De retour en ville les valeureux défenseurs furent vivement acclamés et autorisés à retirer du trésor commun suffisamment de perles afin d'offrir un magnifique collier chatoyant à leurs épouses et filles. Les jolis hippocampes dorés, très applaudis, reçurent double ration de plancton. Une police municipale fut mise en place qui patrouillait nuit et jour sur des chevaux de mer dotés de gyrophares rouges, pour assurer la sécurité et le calme des habitants.

Ainsi  la cité engloutie reprenait doucement vie. Les commerces, fermés pour cause de guerre, rouvrirent leurs portes,  le grand théâtre en pleine-eau affichait complet à chaque représentation. Ballets féeriques d'étoiles de mer ou de méduses translucides, concerts des joueurs de conques, jeux d'adresse entre écrevisses et langoustines, se succédèrent tous les soirs ainsi que tant d'autres attractions que l'on ne peut rencontrer que dans le monde de Némo. La sécurité des spectacles était assurée par une escouade de murènes spécialement entrainées et, tout à la fin, les seiches tirèrent le rideau, noir comme l'encre, sur cette vie trépidante  sous-marine, inimaginable même pour les plus vieux loups de mer!

 

 

 

VIS SANS ENVIE

DU BIEN D'AUTRUI,

SINON TU SERAS PUNI.

 

 

 

Le Colvert, Baudienville, Avril 2018.

 

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  • Les Contes du Colvert racontent de belles histoires aux enfants jeunes et moins jeunes que l'on peut leur lire le soir avant de s'endormir car: "Les canards comme les paroles s'envolent. Seul les contes du colvert résistent au temps."
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