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Les Contes du Colvert
15 juillet 2016

LA GRANDE FETE.

Conte N°…40…..      

 

 

LA GRANDE FETE.

 

 

1/- Le voyage.

 

 

Le calife Al'Ahmy était arrivé le premier car il avait fait monter deux réacteurs sur son tapis volant. Et maintenant il était en avance car il n'avait tenu aucun compte des instructions données par les différentes tours de contrôle survolées réglant le trafic dans les airs. Alors, après avoir déchargé les  quelques pierres provenant de son ancien palais, à l'intérêt archéologique non négligeable  qu'il comptait offrir à ceux qui le recevaient, il s'était installé sous un grand cèdre parasol pour méditer avec toute sa sagesse orientale.

Tamara, dite Tam, était devenue, depuis sa désobéissance enfantine, une très jolie jeune femme. Elle avait apporté pour tous les invités et leurs hôtes de très jolis bracelets qu'elle avait elle même tressés dans des poils de sanglier!

Bongo avait fait le chemin en  compagnie de sa fiancée Bala. Ils avaient fait la route à pattes, tout doucement, très lentement, chargés de sacs de thé de la plus rare essence provenant de leur île.

Abélia, devenu reine à la mort subite de ses beaux parents, avait attendu longtemps son mari le roi Abélien encore parti guerroyer quelque part. Il avait toujours un bon combat à mener! Enfin ils s'étaient mis en route emportant avec eux quelques petits sacs de larmes transformées en perles  destinées à tous ceux qu'ils allaient rencontrer au cours de cette grande fête très prometteuse.

Le band musical des éléphants avait loué une caravane d'autobus et emmené avec lui tous les exposants habituels de leur marché ainsi que leurs meilleurs clients. Le voyage avait été très bruyant avec un concert de trompettes ininterrompu et ce malgré l'escorte du convoi par un peloton de motocyclistes de la caserne des suricates. Deux camions suivaient les autocars avec  des caisses contenant, pour chaque personne participant à la grande fête, des échantillons de tous les marchands : cache-cols, lunettes, élixir de bon sommeil, feux de Bengale pour le feu d'artifice, bouteilles d'écume de vagues, etc. etc. Enfin tout ce que l'on peut trouver un jour de marché. Sur leur marché !

Laurelle, la petite sirène, voyait arriver avec impatience la fin de son long voyage et surtout le bassin d'eau fraîche qui l'attendait à son arrivée et qu'elle avait demandé sur le coupon réponse de son invitation sous la rubrique "désirs particuliers".

Car  tous ceux, que nous suivons actuellement en leurs déplacements, avaient été conviés à une grande fête somptueuse qui devait durer plusieurs jours et nuits. Mais...n'allons pas trop vite et rejoignons à nouveau ceux qui sont toujours en chemin.

Mellie et Apis vagabondaient  joyeusement pendant leur trajet établi avec force  zigzags pour ne rater aucune des fleurs inconnues qui s'épanouissaient  dans les champs survolés.

Malie avançait à grands pas rapides, tout en surveillant les jeunes pousses de son arbre magique dont les feuilles repoussaient immédiatement après avoir été cueillies ou broutées. Des arbres comme ceux là, au feuillage renouvelé sans cesse, feraient un joli présent et gommeraient les saisons.

Jules, lui, ne serait pas de la fête, et pour cause! Les habitants de son ancien quartier s'étaient regroupés pour envoyer une jolie lettre d'excuses en son nom et avaient joint à cet envoi un intéressant  mélange de ses épices, sauvées in extremis avant la démolition de sa boutique.

C'était après une longue attente, ayant usé toute sa patience et abusé de mots d'encouragements et d'explications, que le jardinier avait pu prendre la route, le rouge-gorge sur l'épaule qu'il ne quittait que quelques instants pour faire son mini pipi. Pour la nourriture du rouge-gorge le jardinier prévoyant avait dans sa besace un bocal de vers de terre comme s'il allait à la pêche.

Là-haut dans le ciel, ne plongeant vers la terre ou un ruisseau que pour se nourrir, Pygar suivait cette longue file de voyageurs tout en veillant avec ses yeux perçants, qu'aucun danger ne les menaçait.

Opaline, elle, avait eu beaucoup de mal à trouver un moyen de transport. Elle n'avait pas pensé au service cargo volant des albatros. Finalement elle avait opté pour sa copine la baleine, qui en se rapprochant au plus près de l'endroit à atteindre et par un geyser plus haut que la plus haute chute d'eau connue, avait projeté sa petite sardine chérie dans les douves pleines du fabuleux château où devait se tenir la réception.

Car pour être un endroit dépassant tout entendement, de ce que l'on peut qualifier de fabuleux, magnifique, hors du commun, unique, paradisiaque, etc. etc. les invités iraient de surprises en ébahissements. Mais...c'est bien trop tôt pour en parler. Retournons sur les chemins et routes qui y mènent.

Presque tous nos pèlerins furent, à un moment ou un autre, surpris par un bruit de galop infernal et pour ne pas être renversés ou piétinés se mirent sur le bas côté de la route. Alors ils virent passer en trombe Blackpearl, les médailles récompensant toutes ses victoires autour du cou. A peine la poussière soulevée par son passage dissipée, voilà qu'arriva, aussi au galop, le cheval blanc, ex-canard, monté par Tani, dont les cheveux d'or au vent s'entremêlaient  à la crinière blanche de sa monture. " "En voilà des gens pressés...et pourtant à cheval on va bien plus vite qu'à pied" murmuraient  les plus fatigués.

Molly,  était maintenant à la tête d'une flotte de chalutiers modernes. Elle était lourdement chargée. Tyman, le diablotin sympa, en la doublant,  eut pitié d'elle et s'arrêta pour l'aider. "Tes sacs semblent lourds, accroche-les à ma fourche magique et je les porterai pour toi!" Molly d'abord méfiante se rappela que Tyman était gentil et lui confia ses bagages pleins d'écailles d'or. Encore un beau cadeau très précieux.

Les rois Crapauto IV° et Pautocrap V°, réconciliés après s'être affrontés lors d'une grande bataille rentrée dans l'histoire,  avaient prié Ranaa" la belle" de se joindre à eux pour faire le déplacement ensemble. Celle-ci avait accepté avec grand plaisir ayant appris, par une indiscrétion, que moult taons, moustiques et mouches exotiques seraient  servis en grand nombre lors des pique-niques en chemin.

Cambell et sa fiancée étaient, eux, partis depuis longtemps, d'abord pour éviter les embouteillages  et ensuite, étant des cousins éloignés de la puissance invitante, pour aider si les baguettes magiques des deux fées, la bleue et la rouge, étaient encore déchargées! En vieillissant , toutes les deux perdaient un peu la tête et confondaient les formules. Une vraie cata! Tu voulais ta chambre décorée en rose, sûr que tu la retrouvais peinte ou tapissée en kaki ou marron...

C'est d'arbre en arbre que Zak et Tipsy évoluaient vers le lieu de rendez-vous. Ils avaient  soigneusement sélectionné un itinéraire très boisé afin que leurs trois petits puissent se déplacer tout en s'amusant, volant de branche en branche.

Ebrac et Lucia s'étaient rencontrés au détour d'un grand rocher sous la mer, ils avaient sympathisé et avaient pris la décision de se rendre à la fête ensemble. Lui marchait de travers et elle était plus que lente. Alors tous les deux avaient envoyé un sms à Crocq pour qu'il les prenne au passage. Le dos de celui-ci était un peu rugueux et ils riaient en pensant aux vieux wagons de chemin de fer d'antan de troisième classe aux banquettes en bois.

Il y avait aussi Vulpi qui ne savait pas comment traverser la mer sans se mouiller! Mais Alrik au cours de son dernier séjour sur le continent du soleil avait compris son problème et lui avait proposé, malgré la fatigue supplémentaire, de le transporter sur son dos.

Qing-Yuan, c'est en se baladant un jour dans une forêt toute noire, qu'il avait par hasard, croisé Henri. Ils s'étaient  plu et c'est dans les bras du second que le premier se déplaçait sans trop de fatigue!

Pour Colton le voyage avait pris beaucoup de temps. Il y avait tant d'océans à traverser! Trop fatigué après une journée à nager, à éviter les bateaux, sur et sous la mer, ceux qui chassaient le phoque et tous ses copains les baleines, les dauphins et tout ce qui nageait sauf les sacs plastique qui polluaient l'eau, il était content de trouver un iceberg pour se reposer. Un matin, en se réveillant, il n'était plus seul sur sa montagne de glace. Hermès le grand voyageur s'y reposait aussi. Frais et dispos chacun avait repris la route de son côté, l'un au-dessus, l'autre dans la mer.

Höelgrimm avait dû demander une permission spéciale pour s'absenter sur son temps de repos en attendant Noël. Il galopait ou volait  car Vasco lui mordillait les mollets quand il traînait pour brouter un peu d'herbe tendre. Ils s'étaient vus à un carrefour  où chacun voulait prendre une direction différente et finalement étaient tombés d'accord pour suivre le flair infaillible de Vasco.

Quant à Nala elle trottinait dans tous les sens sans savoir vraiment où aller. Ericius, passant par là, la remit dans le droit chemin et veillait à ce qu'elle ne se fasse écraser en traversant le macadam.

Les salamandres sacrées de Pharaon étaient arrivées à bon port dans le sac à dos de Kévin qui avait passé les dernières vacances auprès d'elles pour se consoler de la mort de sa petite hirondelle.

 

 

 

 

2/- L'arrivée.

 

 

 

A ce stade de notre histoire on peut dire que tous les invités à la grande fête étaient arrivés tout près du but. Restait une haute colline à franchir au sommet de laquelle les premiers rafraichissements furent servis. Et de là-haut une vue...qui courait à sa perte à l'horizon! Et quelle vue ! Un immense château rond  sur une île flottante  entouré de douves d'une  largueur impressionnante que personne ne pouvait traverser à la nage. Il y avait quatre ponts levis  dirigés vers les quatre points cardinaux. Les tours multiples du château étaient rondes  et très hautes avec des toits en pointe recouverts de tuiles en céramique multicolores. Leurs reflets, au soleil couchant, diffusaient une lumière féerique enfermant le château dans des nimbes irisés transparents. Un seul cri échappait aux spectateurs "Quelle merveille!"

Soudain une fanfare se mit à jouer des airs entraînants et les ponts, jusqu'à présent fermés, s'abaissèrent en silence. Un majordome  pria les invités ébahis de descendre de la colline et de pénétrer en ce lieu magique.

Une fois arrivés dans la grande cour ronde des serviteurs zélés prenaient en charge leurs hôtes et les dirigeaient vers leurs quartiers respectifs emménagés en fonction des besoins de chacun: chambres luxueuses pour Molly, Tamara et leurs semblables,  écuries à la paille dorée pour les chevaux, baignoires grandes comme un étang pour les amateurs d'eau. Ranaa, Opaline et leurs amis aquatiques étaient aux anges.

Il fallait voir la piscine de glace de Colton, les volières en mosaïques rares d'Alrik et des autres, les appartements en savane pour tous les pachydermes, la chambre-arbre pleine de noisettes pour Zak et sa famille, des  trous aménagés au pied du tronc pour Nala et autres rongeurs.  Pour résumer disons que tous les invités se retrouvaient dans un environnement à leur convenance. Le luxe inouï, la beauté  et une décoration sublime en plus!

Puis sonna l'heure du rassemblement dans l'immense et grandiose salle des fêtes, richement décorée, du château. Dans le long couloir qui menait à cette salle, les invités eurent le temps d'admirer les portraits des ancêtres avec un air de famille certain de celui qui les recevait aujourd'hui.

Un fabuleux buffet dînatoire était dressé sur toute la longueur de cette halle richement garni de toutes les spécialités gourmandes au goût de chacun. Et quelle présentation des différents mets: Herbettes multicolores pour les ruminants, grenouilles toutes fraîches pour Alrik à l'autre bout de la table où étaient disposées, sur une brochette, mouches et moucherons pour Ranaa et "ses" rois, une variété de mise-en-bouche pour tous, une antilope rôtie pour Crocq et les carnivores, du miel d'acacias et de lavande pour les bourdonnants, des colliers de noisettes à l'intention de Nala, Zak et les autres, un chaudron de lave fumante pour Tyman parfumée au thym, des fagots de foin doré pour nos amis les équidés et un saumon frétillant pour...? Eh oui, tu auras deviné, pour Pygar, bien sûr.  Tous mangeaient à leur faim et buvaient force jus de fruits pressés pour, par un peu de liquide, faire descendre beaucoup de solide! C'était véritablement une fête, une soirée, qui sortait de l'ordinaire. Du jamais vu!

 

 

 

 

 

3/- Le retour aux sources.

 

 

 

En fin de soirée,  à la sonnerie des trompettes, le rideau jusqu'alors fermé, s'ouvrit sur une grande estrade où apparut, revêtu de ses plus belles plumes brillantes, le roi, démocratiquement élu,  des canards colvert. Un tonnerre d'applaudissements l'accueillit, ensuite le silence se fit et "Colvert XXIII" prit la parole.

"Mes amis! Comme je suis heureux de vous voir ici tous rassemblés après avoir brillamment mené à bien les missions dont je vous avais chargés. Se transformer en humain, en éléphant, en cheval ou prendre tout autre aspect n'est pas toujours aisé pour un canard. Grâce à nos deux amies les fées ce fut possible et chacun de vous mérite toutes mes félicitations pour la manière dont il a joué son rôle dans les "Contes du Colvert"! Bravo à toutes et à tous. Et maintenant, comme convenu, c'est la fin de vos aventures et nous tous, moi y compris, allons regagner notre mare qui nous a vus naître et où l'idée de ces contes pour enfants, petits et grands, m'était venue. Vous redeviendrez ce que vous étiez à l'origine, des canes et des canards immortels de la prestigieuse race des colverts! Les fées faites votre travail."

Une grande acclamation des invités clôtura cette intervention qui peu à peu se transforma en un tintamarre de coins-coins nasillards au fur et à mesure que chaque personnage de conte retrouvait son habit de plumes. Le château disparut par enchantement  laissant la place à un étang d'eau claire où barbotaient des centaines de colverts. Ils avaient tant de choses à se cancaner, tant de souvenirs à partager! Et beaucoup de leçons à tirer de leurs expériences respectives passées!

 

 

 

 

 

 

 

Sainte-Mère-Eglise, Baudienville, Le Colvert, juillet 2016.

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