Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Contes du Colvert
4 octobre 2015

PYGAR, LE SOLITAIRE.

PYGAR LE SOLITAIRE.

 

 

Là-bas, très loin d'ici, il y a un grand pays aux grandes montagnes noires  très hautes. Au pied de ce massif, pousse une immense forêt très dense de sapins verts. Le vert de ces sapins est si foncé que les arbres donnent l'impression d'être aussi noirs que la montagne qui les surplombe. Le seul endroit où le soleil touche la terre  c'est au bord d'une rivière sauvage et tumultueuse qui se fraie un lit entre rochers et arbres. Et tout là-haut, sur un à-pic étroit, se tient Pygar, l'œil perçant  toujours aux aguets. Pygar est un grand aigle solitaire, le corps recouvert de plumes noires mais celles de sa tête et de sa queue sont blanches. Avec son bec recourbé jaune, il symbolise force et fierté.

Quand Pygar s'envole pour chasser, son envergure atteint plus de deux mètres.

Alors, se laissant porter par les courants du vent, il inspecte de haut les cimes des sapins et le scintillement de l'écume blanche des vagues, formée par les nombreuses chutes d'eau de la rivière. C'est là que Pygar devient encore plus attentif en scrutant  la rivière et les saumons qui s'y débattent. Il n'est pas seul à pécher à cet endroit. Souvent des indiens dans des canoës en peaux de bison sillonnent la rivière à la recherche de leur nourriture.

La faim quotidienne aidant, Pygar  repéra  un gros poisson un peu isolé  et piqua très vite en direction de sa proie. Ailes repliées, tel une météorite, il se laissa tomber pour ne déplier ses ailes qu'à la toute dernière minute, freinant ainsi sa chute, et toutes serres ouvertes il s'abattit sur le poisson, serra sa prise bien fort et s'éleva à nouveau dans le ciel. De retour sur son aire, le festin pouvait commencer. Demain, et pour changer, ce sera une truite!

Un jour que Pygar planait majestueusement très haut au dessus des arbres, son attention fut attirée par des cris perçants qui semblaient parvenir de la rivière. En quelques battements d'ailes, il arriva au dessus de l'eau et vit, entre les remous, un canoë qui avait chaviré et plus loin, un petit homme  se débattant dans l'eau. Pygar, par instinct, comprit que le jeune indien criait au secours tout en étant emporté par le courant. Pygar piqua et bientôt survola l'enfant gesticulant, blanc de peur et de froid. Plus loin sur la berge des adultes accouraient pour secourir leur enfant.

Danger, se dit Pygar!  Il faut faire vite. Les plus hautes chutes de la rivière n'étaient pas très loin et le petit homme n'avait aucune chance de s'en sortir vivant. Alors il survola  le petit indien, saisit au vol avec ses serres la veste du garçon et d'un grand coup d'aile s'éleva en l'air juste en amont de la chute mortelle. Les parents pensaient que leur enfant avait échappé à la noyade mais que maintenant il était la proie de cet aigle royal! Tirer sur ce grand oiseau ne ferait que précipiter la chute de l'enfant. Alors ils se mirent à genoux pour prier leur dieu avant d'entamer leur danse rituelle.

Pygar, n'identifiant aucune animosité à son égard dans leurs gestes, décrivit un grand cercle au dessus d'eux et très lentement déposa l'enfant près de ses parents en le couvrant de ses ailes pour le réchauffer et en signe de protection.

Puis Pygar s'envola vers le ciel, vers son univers, tout là-haut,  en direction de sa montagne noire. Il pensa qu'avec un tout petit peu de bonne volonté de part et d'autre, animaux et humains  pourraient agréablement vivre ensemble en paix et en harmonie. Et pourquoi pas s'entraider ?

 

 

 

 

 

Vancouver, Canada, Octobre 1984.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Les Contes du Colvert
  • Les Contes du Colvert racontent de belles histoires aux enfants jeunes et moins jeunes que l'on peut leur lire le soir avant de s'endormir car: "Les canards comme les paroles s'envolent. Seul les contes du colvert résistent au temps."
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité