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Les Contes du Colvert
12 novembre 2015

MON COQ AU VIN...

Conte N°…27…..

 

MON  COQ  AU VIN !

 

"Réunion de famille dans cinq minutes. Préviens ton père et appelle le Colonel!" Le ton de maman était grave et sans appel. Mais pourquoi? Je n'avais pas souvenir d'avoir fait une bêtise récemment. Je courus au jardin appeler papa et  après je me  mis à la recherche du Colonel. Le Colonel était le chat de la famille, noir avec une touffe de poils blancs au bout de sa queue qui ressemblait à un lumignon qu'il promenait  à travers maison et jardin, la queue dressée haute et droite. Il était aussi borgne. Il avait perdu son œil gauche à la saison de la chasse et son oreille était trouée. Et pourtant il ne ressemblait pas du tout à un lapin! Le Colonel, le soir quand mon père rentrait de son travail, se mettait sur la chaise au bout  de la table et racontait à mon papa, à force de miaous, tout ce qu'il avait fait dans la journée. Et, bouche bée, je regardais l'un et l'autre et cela finissait toujours de la même façon : "Dis papa, tu m'apprendras à parler chat quand je serai plus grand ?"

Ma mère assise à sa place habituelle nous dévoila le sujet de la réunion. Il s'agissait de Hector notre coq, très familier, super câlin et qui aimait beaucoup être caressé. Il avait un plumage multicolore et chaque fois qu'il perdait une plume  de sa queue ma coiffe d'indien s'embellissait. "Hector ne chante plus depuis plusieurs jours, le matin quand je me lève. Il est triste de ne plus pouvoir plus chanter. Quand il essaye, le bec ouvert, il n'en sort que des râles."  Puis s'adressant à moi : "Demain matin c'est jeudi, tu n'as pas école, tu viendras avec moi chez le vétérinaire." Papa a dit que c'était une bonne idée et moi aussi j'étais content d'aller avec maman et Hector. Il ne faut jamais laisser les animaux qu'on aime aller chez le véto seulement avec des adultes. On ne sait jamais ce qui'il peut passer par la tête des parents lors d'occasions pareilles!

Le docteur pour animaux était très gentil et il a  examiné Hector qui s'est bien laissé faire. Il a même bien voulu ouvrir son bec pour montrer sa gorge au médecin.

Et le verdict tomba : " Votre coq est très enrhumé et a la gorge de la couleur de sa crête. Une fois par jour donnez lui une cuillère de vin rouge tiède  avec du miel. Vous verrez il sera vite rétabli."

Dès notre retour à la maison les soins ont pu commencer. Hector a avalé sa potion sans rechigner. Le Colonel est venu nous saluer tous les trois et est reparti avec Hector dans le jardin en direction du poulailler toujours ouvert.

Tous les matins maman faisait chauffer le vin avec du miel et dès qu'elle franchissait la porte donnant sur le jardin, Hector arrivait en courant, battant des ailes en poussant des "grrs-jha-gragra-jha" épouvantables. Il sautait sur les genoux de ma mère et, s'approchant au plus près d'elle, lui tendait son bec grand ouvert. Plus de dix jours passèrent ainsi mais le résultat, prévu rapide, des soins ne s'annonçait pas. Maman était quand même un peu sceptique quant à l'extinction de voix d'Hector. "Il me semble pourtant l'avoir entendu chanter hier pendant la journée!"

Ma mère et moi nous nous sommes levés le lendemain avant l'aube, cachés derrière les rideaux de la fenêtre de la cuisine, nous avons observé le soleil se lever. Quelques instants plus tard Hector est apparu, s'est perché sur une petite barrière et a salué ce nouveau jour d'un cocorico tonitruant. " Ah le vilain" a dit maman et se précipitant vers la porte elle criait "Tu vas voir. Tu te fiches de moi." Aussitôt la porte ouverte nous avons vu arriver Hector en courant et râlant affreusement. Papa, levé entre-temps, nous a dit, en voyant le spectacle "Mais il est comme moi, il aime bien son petit coup de rouge." Mais pas le matin a-t-il rajouté très vite en riant.

Hector nous a fait son cirque encore plusieurs jours, "trop court pour une cure de désintoxication."  Et quand maman a raconté toute cette histoire au vétérinaire, celui-ci lui a dit: " Eh bien si, un jour, vous voulez le manger  - quelle horreur ai-je pensé, mais le Colonel, lui, n'a rien dit...-  il sera prêt. Vous n'aurez plus besoin de le faire mariner dans le vin rouge."

 

 

 Rabat, Maroc (Histoire vraie quand j'avais 12 ans en 1949).

 

 

               

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