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Les Contes du Colvert
17 mai 2016

QING-YUAN.

 

 

Conte N°…38…..      

 

 

QING-YUAN.

 

Assis au fond de la classe, tout en haut d'une étagère poussiéreuse qui renferme les affaires d'école des élèves, ce petit panda peluche, ne cessait d'éternuer et de s'ennuyer du manque évident de caresses et de mots doux. Il y avait bien longtemps qu'aucun des élèves n'avait pris Qing-Yuan, c'est son nom et qui veut dire "printemps" dans la langue de son pays d'origine,  dans ses bras pour lui faire un gros câlin. Et pour les oursons, les câlins sont indispensables! Comme d'ailleurs pour toutes les peluches et pas seulement au  doudou préféré.

Et pourtant Qing-Yuan aimait l'école. Bien que ne pouvant lever  un doigt ni parler pour donner une réponse aux questions de la maîtresse, il écoutait bien et retenait  toutes les leçons. Il aimait beaucoup le cours de dessin et quand on parlait des couleurs noires et blanches il était aux anges. Blanc et noir comme mon pelage pensait Qing-Yuan mais les élèves ne le voyant pas répondaient tout autre chose. Comme par exemple: noir et blanc comme le café au lait du petit déjeuner, comme la nuit comparée au jour ou comme le bien et le mal, ou comme des nuages blancs éclairés d'un rayon de soleil sur fond de  ciel noir de tempête. Et  personne ne pensait à lui, le jeune panda! Lui, par contre, pensait aux couleurs fondamentales appelées chez lui le Yin et le Yang.

Il était pourtant l'exemple même qui réunissait ces deux couleurs! Qing-Yuan, sans que personne ne s'en aperçoive, laissa filer une petite larme de tristesse le long de sa joue.

Un jour la maîtresse demanda à ses élèves d'apporter pour le jour suivant  une poupée ou une peluche. Toute la classe ainsi se transformerait  en crèche, les enfants en parents et les poupées en enfants. Cela promettait une belle journée et beaucoup d'amusements.

Le lendemain filles et garçons s'installèrent à leur place pour apprendre les premiers éléments de propreté et les soins quotidiens à prodiguer à leurs "bébés". Et tout à coup la petite Emma se mit à pleurer à grosses larmes. "Humch, hi...j'ai...snif...oublié ma poupée...snif et re-snif".  La maîtresse leva les yeux au ciel et par la même occasion vers le fond de la classe et dit : "Ce n'est pas grave, je vais te donner notre panda qui dort là-haut." Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle s'empara de Qing-Yuan et éternua immédiatement. Ah mais qu'est-ce qu'il est sale, pensa-t-elle en commençant à le secouer brutalement. Le panda ne dit rien mais pensa qu'il était peut être temps que quelqu'un  s'occupât de lui. Une fois débarrassé des saletés, il y avait  même une petite toile d'araignée entre ses pattes, la maîtresse confia Qing-Yuan à Emma. Celle-ci s'occupa bien de lui, son nouveau bébé,  comme les autres enfants des leurs.

Tout se passa bien jusqu'au moment de la démonstration: comment donner une fessée aux enfants pas sages! Poupées, peluches et panda se retrouvèrent sur le ventre et c'était à qui administrerait la plus belle punition. Personne ne se révolta sauf Qing-Yuan. Après avoir été copieusement rossé à coups de règle, il se dit qu'il fallait faire quelque chose. Et il le fit. A la grande surprise d'Emma et des autres enfants de la classe, sans parler de la maîtresse qui  faillit se trouver mal, le panda grandit à vue d'œil, gronda un peu pour bien montrer qu'il n'avait que moyennement apprécié les coups, sauta de la table et se redressa. Qing-Yuan était redevenu un vrai panda bien vivant et commençait à avoir faim. Comme il n'y avait aucune trace de bambou, sa nourriture préférée, dans la classe, il piqua  le paquet de petits Lu, le goûter d'Emma, avant de se diriger vers la porte.

"Au revoir les enfants! Vous m'avez laissé sans câlins toute une année scolaire et quand enfin vous vous intéressez à moi, contraints et forcés, c'est pour me donner de grands coups de règle sur mes petites fesses. Alors je m'en vais. Je retourne dans mon pays d'origine la Chine non sans passer par Londres pour saluer mon copain Paddington qui s'était perdu au fond d'une gare comme moi au fond d'une salle de classe."

"Adieu" et c'est ainsi qu'une vieille peluche oubliée  reprit vie pour enfin vivre la sienne!

N'abandonne  jamais ton ours sans l'embrasser régulièrement car il se pourrait qu'un jour ou une nuit, le tien, fasse comme Qing-Yuan!  

 

 

 

 

Le Colvert, Baudienville, mai 2016.

 

 

 

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Commentaires
I
Voici un delicieux conte dont nous suivrons la moralite. Merci Monsieur le Colvert!
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  • Les Contes du Colvert racontent de belles histoires aux enfants jeunes et moins jeunes que l'on peut leur lire le soir avant de s'endormir car: "Les canards comme les paroles s'envolent. Seul les contes du colvert résistent au temps."
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