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Les Contes du Colvert
28 février 2021

FEES ET NAINS.

                       

LES LEGENDES DU COLVERT

 

 

Par Stéphane BERTRAND

 

 

Les légendes du Colvert défient le temps.

Ecoute! Elles nous arrivent avec le vent.

 

 

 

N° L 19

 

 

 

FEES ET NAINS.

 

Une grande tribu de nains menée par leur jeune doyen Frédérik âgé seulement de cent soixante cinq ans avait choisi de s'installer définitivement dans cette forêt,  très dense, de grands sapins majestueux. Le sol était recouvert d'une mousse épaisse et moelleuse qui servait  à recouvrir leurs petites maisons en bois. La construction du village avait été  menée de bon train et la cuisine commune occupait la place centrale entourée de jolies tables en bois et de bancs. Les repas étaient pris en commun sous la présidence du doyen, qui à la fin de ce moment convivial, indiquait les tâches à accomplir dans les jours à venir.

 

Lors du festin d'inauguration un évènement peu ordinaire s'était produit au moment du dessert. En effet une délégation de fées des bois avait fait son apparition. Elles étaient toutes habillées d'une jolie robe de couleur différente, les unes étaient d'un ton très pâle alors que d'autres affichaient clairement une teinte plus soutenue. Plus tard les nains eurent une explication à cette apparition multicolore, chaque fée portait, en effet, la couleur de la galerie de la mine dont elle avait la responsabilité, verte pour les émeraudes, bleu pâle pour les aigues-marines, etc.

 

Le doyen accueillit avec plaisir ces visiteuses et les pria de prendre place auprès de lui. Puis il leur demanda en quel honneur elles avaient fait le déplacement jusqu'à leur modeste village?

"Nous sommes une colonie de fées qui habite aussi cette grande forêt et y exploitons une mine de pierres précieuses et nous avons besoin de main-d'œuvre." Voila ce que dit la fée la plus ancienne et cheffe de cette délégation. Elle continua ainsi: " Nous pouvons faire la richesse de votre village à deux conditions qui peuvent se résumer en ces mots : travail et honnêteté ! Si vous acceptez cela, certains d'entre vous seront mineurs, d'autres polisseurs ou tailleurs de pierres. Il y a beaucoup de travail car notre mine se divise en plusieurs galeries suivant les pierres à extraire: diamants, rubis, or, émeraudes, améthystes, cristal de roche, aigues-marines et tant d'autres jolies pierres comme l'œil de tigre ou l'onyx noir!"

 

"Mais que faites vous de toute cette richesse?" intervint Frédérik, qui, dès qu'il avait un petit sou en poche, n'avait de cesse  de le glisser dans une main tendue par un miséreux. Et il ajouta: " Et bien sûr nous acceptons votre proposition. La construction de notre village est terminée, tout ce que vous voyez autour de vous a été fait de nos mains et nous avons besoin de nous occuper une partie de la journée après la corvée de bois du matin pour alimenter nos feux!"

 

La fée qui avait parlé auparavant expliqua qu'elles fournissaient en pierres précieuses toutes les cours royales des pays voisins et que la rétribution en pièces d'or qu'elles recevaient en échange,  était refondue aussitôt et distribuée sous forme de pépites aux nécessiteux. " Oh, voilà une noble tâche qui va tout droit dans le chemin de notre philosophie de la vie" s'écria Frédérik," et le surplus des salaires ira à nos pauvres!"

 

Accord conclu entre fées et nains. Ces demoiselles aux ailes transparentes retournèrent chez elles dans un léger bruissement de leurs ailes soyeuses, tout en ayant précisé qu'il leur fallait au moins une quarantaine de bras pour accomplir le travail proposé et que le salaire serait de quinze pour cent de la valeur des pierres extraites de la mine. Les villageois qui avaient entendu ces paroles se mirent à rêver, qui d'une maison plus grande, qui d'un jardin aux fleurs les plus rares, qui d'un attelage tiré par six escargots pour aller au marché le jeudi !

 

Le lendemain matin les nains désignés par leur chef prirent en mains leurs outils et se mirent en route en chantant. Tous étaient costauds et pleins de bonne volonté. Aussi le travail avançait rapidement et  fait avec soin et minutie. Les pierres précieuses remises aux fées à la fin de la journée étaient les plus belles, les plus brillantes et translucides, sans le moindre défaut à la taille. Fées et nains étaient heureux et les galeries à explorer sans fin. Les reines et princesses des cours royales étaient aux anges, payaient largement et les fées avaient augmenté les salaires de leurs employés par des primes mensuelles.

 

Frédérik et ses aides rangeaient tout cet or dans un grand coffre sans serrure. A quoi bon une clé ? Ici point de mauvais garçons ou filles parmi eux! La distribution de ces richesses se faisait une fois par mois et les premiers qui en recevaient étaient les pauvres bûcherons vivant à l'orée du bois. Mais pour en bénéficier ces derniers devaient prendre un engagement incluant la clause de ne couper que les arbres malades ou abîmés  par la foudre les nuits d'orage. Ils se frottaient les mains en chantant: " Avec moins de boulot nous aurons plus chaud." et le manque à gagner lors de la vente du bois était largement compensé par les pépites d'or.

 

Tout le monde était heureux, fées et nains, ainsi que les reines et rois. Tous vécurent en paix durant des siècles. Mais, il y a très, très longtemps de cela!

 

Malheureusement cette forêt n'existe plus de nos jours. Les bombardements dus à la folie des hommes, qui en se livrant continuellement à la guerre, l'ont détruite et brûlée; les rois et les reines furent, pour la plupart, décapités par d'autres hommes et femmes; les fées n'existent plus que dans les contes et légendes, les nains sont en porcelaine ou de jardin!

 

 

DE NOS JOURS LES REVES S'EN VONT

PAR DESSUS COLLINES ET MONTS,

REJOINDRE D'AUTRES REVES

LE LONG DES RIVES ET DES GREVES.

 

 

 

 

 

 

 

Le Colvert, Baudienville, novembre 2019.

© Stéphane Bertrand / Mai 2020

 

 

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  • Les Contes du Colvert racontent de belles histoires aux enfants jeunes et moins jeunes que l'on peut leur lire le soir avant de s'endormir car: "Les canards comme les paroles s'envolent. Seul les contes du colvert résistent au temps."
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